Demain, c'est le 8 mai. Je m'excuse d'énoncer une évidence, mais ayant grandi au Royaume-Uni, je n'ai pas l'habitude d'avoir un jour férié au milieu du mois. Notre journée de loisir est une marque calendaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et normalement je devrais assister à une cérémonie à la mairie de Croissy, mais pas cette année. Alors que les vétérans de la Seconde Guerre mondiale vieillissent de plus en plus, il incombe aux autres générations de réfléchir à la manière dont elle doit être commémorée et aux leçons que l'on peut en tirer. Il en va ainsi de toute histoire. Le passé change, de nouvelles perspectives apparaissent. Notre vision de la Seconde Guerre mondiale en dit probablement autant sur nous que sur la période que nous étudions. Le point de vue des participants était très différent. Le critique Frank Kermode a parlé de la difficulté de comprendre lorsque nous sommes "au milieu", la compréhension et la clarté sont d'autant plus probables que l'on s'éloigne de l'événement. Tenter de comprendre au milieu du maelström est un véritable défi.
Alors que nous commençons à profiter des longs après-midi d'été, mes pensées se tournent vers le cricket. C'est un jeu que j'aimais pratiquer sans grand succès. J'appréciais particulièrement d'être envoyé à la périphérie de l'aire de jeu car, le plus souvent, on n'était pas gêné par une balle qui s'approchait rapidement. L'avantage d'être sur le bord était que j'avais le privilège de voir l'action en tant que participant et spectateur, des heures d'attente et d'observation pour quelques secondes d'action. L'heure du thé a également été un moment fort. La semaine prochaine, nous entamerons notre longue marche de la frontière à la place du cricket, car l'enfermement (nous dit-on) sera assoupli. Mais nous sommes loin de continuer comme si de rien n'était, il nous faudra du temps pour faire les choses correctement, nous serons à la fois au milieu et en train d'essayer de donner un sens à tout ce que nous avons vécu. C'est une période aussi troublante pour nos jeunes que pour nous. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour les soutenir.

Cette semaine, mes historiens de 9e année se sont penchés sur l'histoire de la désormais célèbre affiche de guerre "Keep Calm and Carry On" ("Restez calmes et continuez"). Un sentiment qui, à nos yeux, incarne l'approche stoïque de la plus grande génération. Curieusement, l'affiche n'a pas été utilisée. Le ministère de l'information a décidé qu'elle était trop démodée, qu'elle évoquait des modes de pensée dépassés et l'a donc mise de côté. Il a décidé d'utiliser une citation d'Herbert Morrison, le ministre de la guerre, un "Go To It" plus dynamique et a même présenté les mots dans une police de caractères flashy. Il est intéressant de noter que l'affiche qui n'a pas été utilisée est celle qui, selon nous, reflète l'esprit de la guerre.
La semaine prochaine, nous nous y rendrons. L'école sera différente ; le monde est en effet différent. Cela dit, nous ne devons pas oublier le message de l'autre affiche - nous aurons besoin de réserves de patience pendant qu'une nouvelle normalité se met en place. L'espoir est important dans des moments comme celui-ci. Pendant la deuxième guerre, les fondements du service national de santé britannique ont été posés et la loi réformiste de Butler sur l'éducation de 1944 a été adoptée. Un nouveau pays a été planifié et un nouveau monde a été envisagé. Au plus profond d'eux-mêmes, ils croyaient en un avenir meilleur. Je ne peux qu'espérer que nous puissions faire de même.
Nous vous souhaitons un long week-end de détente.
Nicholas Hammond
Directeur de l'école